Un jour
ta présence nous fut, souffle jailli du ventre charnel de l’apparition.
Naissance
inextricable continuum d’une vie octroyée, donnée en garde à la fratrie humaine.
J’appelle
mère l’unisson de la force et de l’amour, forgeant en son giron la césure de vivre afin que s’infiltre le gré du premier cri.
L’horloge
murale indique 13h29. Voir l’emblée noire de tes cheveux - aura de jais semblable au soulagement de l’encre s’abandonnant à l’envie de redessiner le monde.
Tout à coup
bien que la tâche soit passablement ardue, la lumière, dans sa mouvance à l’aplomb de novembre, révèle, sans s’en emparer, le bleu tirant sur l’acier soudain de tes yeux encore inusités.
La femme est un dieu précurseur
et l’espace est à nouveau un iris ouvert à la lente déflagration du possible. Oui, c’est cela qui importe. J’aimerai qu’on entende ici la raison du poème et de l’image : le premier jour est simplement le premier charme du jour.
Tu ne te doutes de rien.
Derrière la routine de tous ces inachèvements, nous cultivons déjà l’accomplissement des sentiments. Quel tableau ! Quels souvenirs de voyage ! Une course ancienne, persistante et immuable, une course homérique, zigzagante entre l’envers et l'endroit, et tout aussi bien située dans l’autre monde. Vous ne pouvez imaginer la petitesse d’une première rencontre et cependant elle se répand dans les miroirs de l'innocence comme le visage des très grands songes.
Il faut bien l’admettre
s’il n’y eut jamais temps pour écrire, c’était et se sera celui-ci : ce temps serpentant, les premiers jours, en libres boucles par-delà mes fréquents aller-retour (école, courses, maternité, maison, école, maternité, maison) - puis ensuite s’immisçant dans la succession des pensées dévalant librement les pentes des charges, des occupations, des déclarations (à l’état civil, aux employeurs, aux organismes sociaux, aux compagnies d’assurance …), des commentaires intelligibles ou non, des effusions, des simagrées, des communications et des décoctions téléphoniques, des félicitations de convenance ou des paroles sincères, me permettant d’échapper ainsi, ça et là, à la mutilation implacable du nécessaire. Ne faut-il pas à un bonheur rare, l’écrin de rares moments où bouillonne la nouveauté du temps ?
Les ombres sur le mur
dansent à la lueur des meurtrissures jumelles de notre temps : le world-wide merchandising et l’Afrique subsaharienne, la confection industrielle de cerveaux dénoyautés et le développement durable des dérogations à la jouissance des droits fondamentaux, la surconsommation des produits dopants et le rictus existentiel des reporters sportifs, l’assurance maladie, le trou de la sécu et la contrefaçon forcenée des sacs Vuitton, la progression du taux des personnes en situation d’illettrisme et l’euthanasie passive des sans-abri, la fragmentation des clientèles par le e-business et l’encombrement de nos boîtes aux lettres par les prospectus recrutant pour la guerre sainte, le discours manichéen des élites médiatiques et l’effet sparadrap des politiques de la ville, les habits neufs de l’antisémitisme et les fissures de la laïcité, la rationalité extensible à l’infini et la structure en double hélice des haines nationalistes, le remake des mystère d’Eleusis et les vêpres sanglantes des fonds d’investissements. Il y a un mot que j’adore et auquel toutes les ombres répugnent : LENDEMAIN.
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