C’est un quand même labouré dans le soir, un quand même qui se consume dans une rage impuissante. Et je perçois cette forte odeur d’hébétude dont nous sommes à la fois les hôtes et les maîtres. C’est un autre monde. Il se dresse là, terrible, pernicieux, jaloux, infranchissable, avec ce ténébreux chaos de matériaux qu’on appelle les romans. Je n’ai pas besoin de lui, de cet autre monde qui nous ensemence en son sol ancien. Le monde dont le mot est l’otage. Le monde dont la frontière est le chapitre. Le monde dont le dénouement est une happy end ! Je veux dire que les mots : faculté, aptitude, talent, style, propension, puissance, perfection, tempérament, promesse, jury, prix, mérites, récompenses, best seller me sont insupportables et ne m’inspirent aucun respect. J’aime mieux engloutir sur le champ une aurore boréale - ou une barbe à papa empapaoutée sur son bâton biodégradable - et manger les verbes du monde avec la vaillance des incisives infantiles.
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