Vendredi 3 novembre. 13h28. Encore aujourd’hui, j’ai des difficultés avec le changement d’heure. Je ne cesse de penser qu’il faudrait non changer d’heure mais changer de temps. En effet, nous parcourons maintenant (debout, en rampant, en dansant, en se vautrant, en sautillant…) un temps qui a la forme d’une oreille, d’une oreille érigée sur une plage, comme une fêlure entre terre et mer. Il est extraordinaire de trouver une oreille. Une oreille qui grandit à la mesure de son hôte - l’automne, lieu d’apaisement de l’avancer et du grandir, escalier en colimaçon qui conduit vers l’étiage du désormais. Je suis assis tout au fond de cette oreille, et j’en arpente les étroits passages ouverts à l’atrium des sentiments impromptus. Quelque chose me dit que tout n’a pas été dit. Quelque chose me dit que tout n’a pas été entendu. Qu’il y a place pour d’autres bruits, d’autres bruissements, d’autres musiques, d’autres égarements, d’autres mains, d’autres caresses, d’autres sexes, d’autres jouissances, d’autres bouches bées. Lorsque je fais un pas en avant dans l’oreille de l’automne quelque chose se détache des froides parois du temps ; quelque chose de très familier qui n’a pas de nom, pas de généalogie, pas de lettres de noblesse ; quelque chose qui s’épanche, saigne et soigne, quelque chose d’irréparable - puisqu’à l’état brut & virginal cela se confond avec des morceaux, des fractions, des segments (à l’instar des nuages ou de l’empathie) – quelque chose qui nous met en pièce, quelque chose qui nous met en scène, quelque chose qui nous connaît et qui nous commet. Une commissure en somme. Mieux, peut-être, un sourire sans préavis ?
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