Rédigé par Jean-Pierre TEXIER le 18.06.2007 à 09:08 dans arts philosophiques, débats, fantasmes, Gastronomie, importunisme, irrationnel, Livres, personnages, écriture | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Jean Starobinski est une personnalité d’envergure et un auteur érudit familier des classiques. Ayant suivi des études conjointes de lettres et de médecine à l’université de Genève, il publie en 1953 un essai sur Montesquieu et en 1958 un livre intitulé “Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l’obstacle”, ouvrage qui obtint un succès retentissant dans le milieu de la critique littéraire. Son titre est évocateur d’une méditation sur le temps puisque le temps qui passe nous octroie tout à la fois la capacité de mémoire (la transparence) et la prédisposition à l’oubli (l’obstacle). Dans cet ouvrage, il explicite sa propre perception du souvenir et écrit “ Le souvenir se présente souvent comme une émotion plus intense. Il possède une acuité plus bouleversante que l’impression originelle. C’est pourquoi le passé loin de s’estomper dans la mémoire s’amplifie et gagne en résonance plus profonde ”. C’est cet énoncé que nous discuterons ici en référence à des œuvres immanquablement associées à ce sujet.
L’idée de résonance profonde du passé nous conduit spontanément vers deux auteurs majeurs : Jean-Jacques Rousseau et Marcel Proust. En effet, l’auteur des Confessions nous invite à appréhender le souvenir, non pas comme une tentative plus ou moins vaine de restitution du passé, mais un “ aveu ” qui permet d’aller du “ premier mot ” (l’impression originelle) au “ dernier mot ” (le souvenir retranscrit), plus vrai, plus profond, plus véridique. Le souvenir est également la clé de voûte de La Recherche du temps perdu qui débute par le récit d’une nuit où le narrateur se remémore ses souvenirs d’enfance. Il pense aux visites de Swann, de Mademoiselle Vinteuil et de la duchesse de Guermantes. Ces deux auteurs échafaudent, l’un comme l’autre, une représentation du temps qui n’est pas calquée sur celle de l’espace : s’éloigner d’un événement ce n’est pas le perdre de vue. Au contraire, cet éloignement, ce recul donne la possibilité d’une vision intérieure plus fiable, plus précise. Il n’y a pas d’effet d’estompe tel que celui qui se manifeste dans le parcours d’un espace, lorsque l’on quitte un lieu et qu’il se soustrait progressivement au regard. Ainsi, dans la perspective que ces auteurs mettent en scène, le souvenir est susceptible de se constituer et se perpétuer comme possible vision à perte de vue.
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Rédigé par Jean-Pierre TEXIER le 26.03.2007 à 08:33 dans arts philosophiques, débats, importunisme, Livres, Voyages, écriture | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Les mots ont parfois pour nous une extrême majesté. Parfois, convenons-en, nous la négligeons. Nous nous contentons alors, parce que c’est bien plus commode, de puiser l’eau de source de la connaissance dans des jattes éprouvées. A d’autres heures, nous découvrons de nouvelles manières de faire – donc puisqu’il s’agit ici de faire des dictionnaires – de nouvelles manières de penser. J’ai parlé ici dans une récente note de « contrediction » et non de « contradiction » pour situer le théâtre importuniste. Une lectrice de ce propos s’en est étonnée et m’en a fait part. Je la remercie car l’étonnement devient comme une espèce en voie de disparition. J’avancerai donc une hypothèse qui ne changera vraisemblablement rien à la carte d’identité du théâtre mais – sait-on jamais ? - pourrait rejaillir sur le cours des choses.
Rédigé par Jean-Pierre TEXIER le 02.10.2006 à 08:26 dans débats, importunisme, personnages | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Théâtre importuniste : théâtre où se consume, sur scène, comme à vue d’œil, la question de qui parle, qui agit, qui vit ou meurt … au profit d’une tentation/tentative de réponse dans le plan de ce que c’est que de parler, d’agir, de vivre ou de mourir.
Ce théâtre récuse ainsi la médiation de la contradiction - considérée le plus souvent comme l’essence de la théâtralité par la mise en scène d’un qui parle à qui ? - pour lui substituer la « dialectique de la contre-diction ». Celle-ci cherche à participer, à sa manière, aux grands débats de notre temps en regardant du côté des forces impersonnelles, en plongeant acteurs et spectateurs dans l’énigme vivifiante du rapport aux choses. Les expressions françaises telles que « faire avec », « être chose » restituent synthétiquement l’axe principal et le climat propre au théâtre importuniste dans lequel les objets, les espaces ne sont plus mis en scène comme autant d’accessoires mais deviennent des composantes inséparables, à la limite indifférenciables du propos tenu.
Telles sont donc les fondements pour une première formulation du théâtre importuniste proposé en extension de l’article générique « importunismE » figurant dans l’Encyclopédie virtuelle des Arts Philosophiques (site : www.evap.fr).
A partir de ce modeste point de départ, l’idée est de collecter des contributions (textes, images, podcasts...) susceptibles de montrer que le théâtre importuniste a quelque chose à dire au sujet du monde « tel qu’il a » et de l’étonnement (dramatique) d’être parmi les êtres et les choses créés !
Rédigé par Jean-Pierre TEXIER le 27.09.2006 à 08:57 dans arts philosophiques, débats, encyclopédie, importunisme, Livres, écriture | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)